Quand on souhaite associer au domaine de l’Art les nouvelles technologies, forcément, certains puristes y voient là un sacrilège, une façon de le dénaturer.
Ce n’est pas ce que pense Éric Esnault, qui croit dur comme fer que la blockchain est la solution pour obtenir une meilleure traçabilité.
Celles et ceux qui travaillent sur les intelligences artificielles ou encore qui prônent la numérisation, pour une planète plus verte ont aussi leur mot à dire. Et si nous les écoutions ?
La blockchain : un formidable outil qui tendrait à se démocratiser dans le domaine artistique
Éric Esnault est un décrypteur de tendances, dans le monde de l’Art. Celles-ci peuvent être mouvantes, mais il y a pourtant des choses qui, malheureusement, ne changent pas : la propension de l’être humain à vouloir s’enrichir, en profitant, parfois, du talent des autres. Nous parlons bien entendu des faussaires et autres voleurs qui n’hésitent pas à plagier les œuvres d’autrui, dans le but d’amasser de l’argent.
Bien entendu, pour les œuvres très connues, cela devient de plus en plus difficile. Pourtant, chaque année, de nouveaux talents émergent et feront carrière, avec l’espoir de vendre leurs œuvres et de gagner leur vie. Les musées sont susceptibles, d’ici quelques années de les acheter et les exposer et s’ils ne visent peut-être pas la renommée du Louvre ou du MET, ils seraient peut-être déjà satisfaits d’avoir un musée qui leur est dédié dans leur commune de naissance.
C’est la mésaventure arrivée en 2018 à une conservatrice de musée en France qui a demandé à des personnes de mettre de l’argent pour acheter une collection d’œuvres d’un enfant du pays. Après achat et une bonne centaine de milliers d’euros, beaucoup d’entre elles se révélaient des faux. Cela n’arriverait pas, selon Éric Esnault, en passant systématiquement par la blockchain et sa traçabilité inviolable.
Si on la couplait avec les algorithmes d’une intelligence artificielle, sans doute serait-il désormais impossible de faire des contrefaçons. L’AI pourrait déceler n’importe quelle faille dans la manière de peindre, la peinture utilisée, l’arrière-plan du tableau qui ne collerait pas avec l’époque supposée de la réalisation (un des critères qui a permis dans ce cas, de prouver qu’il s’agissait d’une contrefaçon).
La Blockchain ; peu de personnes le savent sans doute ; est déjà très utilisée dans ce domaine et pas uniquement pour les transactions de cryptomonnaie. On l’utilise dans les processus de fabrication.
C’est également elle qui permet, suite à une arnaque phénoménale sur des vins coûteux, de tracer chaque bouteille de grand cru, dans le but de protéger le travail des viticulteurs.
Pourquoi ne trouverait-elle pas naturellement sa place dans le monde de l’art comme souhaiterait le systématiser Éric Esnault ? Aucun amateur de peinture n’aurait de sueurs froides en dépensant de l’argent pour une collection privée ou un musée qui se voit remettre une œuvre qui a transité pendant plusieurs jours entre deux pays ; laissant ainsi un laps de temps conséquent à des malfrats pour agir.
Tout lien relatif à l’œuvre, toute transaction, ainsi que les justificatifs seraient ainsi stockés dans cette immense banque de données tout à fait inviolable.
Au-delà de la blockchain, la numérisation et l’Intelligence Artificielle auraient elles aussi leur rôle à jouer.
Préserver les œuvres contre le temps et les animer : le pouvoir infini des nouvelles technologies
Alors que certaines entreprises se battent pour passer au tout numérique, les musées commencent à s’intéresser, eux aussi, à ce que pourrait leur apporter la numérisation.
Tout le monde le sait : la préservation de certaines œuvres est compliquée. Il faut composer avec des matières vivantes qui peuvent faire l’objet de dégradations comme le bois de certains cadres, ou encore le support papier. Numériser les œuvres en trois dimensions permet de les préserver plus durablement dans le temps, envers et contre tout.
Le monde du digital ; un des seuls secteurs qui n’ait pas été impacté par la crise sanitaire et économique du Covid-19 ; a connu grâce à elle, si on peut dire, un vrai coup de boost, dans le domaine de l’art.
Si visiter des musées de façon virtuelle n’a plus rien de nouveau, on peut recréer des situations, faire une mise en contexte beaucoup plus parlante pour les visiteurs et ainsi attirer plus de personnes. Cela peut expliquer le très grand succès de « Pompéi », au Grand Palais à Paris qui réitère l’aventure avec d’autres projets.
L’Intelligence Artificielle permet de faire revivre des personnes disparues, en se basant sur ses photos, des vidéos, voire même des interviews. Ainsi, on a pu voir Dali, parler lui-même de ses œuvres et de son métier.
La Joconde et d’autres tableaux connus prennent vie, sous les yeux ébahis des spectateurs. Si l’on parle d’exception culturelle française, n’y a-t-il pas moyen d’imaginer que cela s’applique aussi au digital et aux nouvelles technologies en général ?
Alors que la Blockchain rendrait les transactions dans le monde de l’art plus sûres, selon Éric Esnault, ne peut-on penser qu’une AI super développée pourrait, dans un prochain avenir, nous expliquer comment elle analyse une œuvre ?
Si les œuvres n’ont pas, en tant que telles, besoin d’un dépoussiérage, n’est-ce pas parfois le cas de l’analyse qui en est faite, en l’absence d’explication par l’artiste lui-même ?
Peut-on se baser uniquement sur un contexte politique ou une colorimétrie pour dire si une œuvre est censée nous procurer de la joie ou au contraire une profonde tristesse ?
L’analyse poussée faite par les algorithmes pourrait faire une revisite complète de ce que nous prenions pour acquis. Une sorte de « reset » pour (re) découvrir des œuvres.
Un souffle nouveau arrive sur le monde de l’Art et il ne faut pas le laisser passer, ce en quoi croit fermement Éric Esnault, comme beaucoup d’autres.
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